Philo au Bac : Dépend-il de nous d’être heureux ?
Dépend-il de nous d’être heureux ?
Corrigé :
Ce sujet invitait à s’interroger sur les conditions de notre bonheur et sur la possibilité d’être heureux. Il est vrai que le bonheur dépend de facteurs extérieurs face auxquels nous sommes souvent impuissants, mais justement, cette impuissance est-elle totale ? N’a-t-on pas des moyens de « faire » notre bonheur ? Et ces moyens sont-ils des limites à leur tour ?
Notions : Bonheur, Liberté, Désir
Auteurs en référence :
Platon et le désir
Freud et lo’bstacle au bonheur (le bonheur = principe du plaisir)
Pascal
Roussseau
Kant
Etc.
Le plan proposé :
I. Le bonheur : des conditions objectives extérieures à réunir
II. L’obstacle au bonheur, c’est plutôt nous !
III. Le bonheur : est-ce vraiment un état à rechercher ?
I. Le bonheur : des conditions objectives et extérieures à réunir
1. Le bonheur, c’est-ce le fait de voir ses désirs et attentes satisfaits. Donc il faut que le monde s’accorde avec nos attentes. Cet accord dépend :
– de conditions objectives extérieures (d’où l’idée de l’IBM de Pierre Leroy permettant de calculer le taux de bonheur mondial).
– d’une part de chance, d’où l’étymologie, étudiée en principe au cours de l’année : « bon » – « heur ».
– de notre nature : d’un côté, tout homme aspire au bonheur (Freud) et de l’autre, notre nature est un des trois obstacles au bonheur (corps voué à la déchéance, à la dissolution).
2. Le bonheur se réduit souvent à une situation : être riche, être en bonne santé. Cela dépend là encore davantage de facteurs extérieurs et matériels.
3. Le bonheur dépend bien souvent de celui des autres, qui sont en même temps un des obstacles à notre bonheur.
L’homme est un être social (désir de reconnaissance), moral, un être de relation qui désire le bonheur de ses proches. Et ce bonheur des autres nous échappe. On ne peut faire le bonheur des autres, car cela présupposerait la connaissance de ses désirs, de ses aspirations et leur réalisation.
II. L’obstacle au bonheur, c’est plutôt nous !
Si le macrocosme ne dépend pas de nous, le bonheur repose sur un accord extérieur et l’intérieur dépend de nous.
1. On croit que les obstacles au bonheur sont extérieurs, mais ils sont plutôt intérieurs :
– conscience malheureuse
– désirs ne pouvant pas être comblés
– savoir douloureux de ce que nous sommes et de ce que sont les choses
2. Si notre action sur le monde extérieur peut être limitée, d’où une certaine impuissance, il peut y avoir une puissance sur soi, c’est ce qu’enseignent les sagesses stoïciennes ou épicuriennes :
– travailler à maîtriser ce qui dépend de notre désir et de nos représentations (la mort et le hasard)
– accorder nos désirs avec le monde (principe de Descartes « changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde ») et avec la nature.
– se contenter de ce qui est et accepter ce qui nous anime (stoïcien)
– se tourner vers des activités qui ne dépendent que de nous (vie contemplative), cf. Aristote.
3. La connaissance de soi permet :
– de mieux savoir ce que sont nos désirs, et donc, de ne pas se perdre dans des désirs mimétiques, sources de souffrance.
– de prendre conscience de l’altérité de l’autre et d’accepter que son bonheur ne dépende pas que de vous.
4. Il faut jurer d’être heureux si « le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté » (Alain).
III. Le bonheur : est-ce vraiment un état à rechercher ?
Non, c’est l’état d’être heureux est un état qui ne peut durer et donc être.
1. Or on peut penser que cet état n’est pas accessible si on entend par là totale satisfaction, renouvellement du désir, difficulté d’être sage.
2. Le bonheur n’est pas dans un état mais plutôt dans la recherche de cet état. (La chasse plutôt que la prise, Pascal). Et si l’état de bonheur pouvait être là, peut-être en découlerait-il un ennui mortel.
3. Tout ne dépendant pas de nous, on devrait plutôt se donner d’autres buts qui, eux, dépendent de nous :
– la vertu (Kant) : se rendre digne d’être heureux
– la joie (Spinoza) : accessible