Les principales fonctions du roman- entre passé, présent et futur

CHAPITRE 4. LE ROMAN ENTRE PASSÉ, PRÉSENT ET FUTUR.

INTRODUCTION.

Les romanciers détiennent également le pouvoir de s’inspirer de toute l’échelle du temps, du présent au futur sans oublier le présent. Encore une fois, les types de roman offrent toute la latitude d’en parler, d’en souligner la source ou d’en saisir les raisons, pour les comprendre en toute aisance.

1. LE PASSÉ.

Il y a des romans qui restituent des événements s’étant produits dans un temps passé. Ce passé relatif peut appartenir à la vie proche de l’auteur lui-même (ROMAN AUTOBIOGRAPHIQUE) ou à des personnages réels situés dans un temps plus reculés (ROMAN HISTORIQUE). Quoi qu’il en soit, le récit repose sur un événement réel, connu et déjà vécu. Le narrateur en devient soit un témoin oculaire, actif ou passif, soit un historien esthète qui ne choisit que des séquences en rapport avec l’objectif qu’il s’est fixé. Chez les romanciers de la Négritude, comme l’a dit Ousmane Sembène, « le roman n’est pas seulement […] témoignage […] mais une action […] au service de l’homme, une contribution pour la bonne marche en avant de l’humanité ». S’il le dit, c’est parce qu’il sait qu’il existe un lien presque consanguin entre le passé et le présent car l’un et l’autre sont comme le feu et la chaleur : inséparables. D’ailleurs, comme le dit l’adage, il n’y a pas de fumée sans feu.

2. LE PRÉSENT.

Plusieurs romanciers tentent à leur tour de représenter le monde d’aujourd’hui. La plupart s’inspirent alors de faits divers reels ou en inventent s’il le faut mais avec une vraisemblance qui ferait croire qu’ils sont réels. L’objectif consiste bien souvent à faire le procès de certaines catégories sociales aux comportements peu catholiques. Les parvenus, les vicieux, les nantis, les chômeurs,… sont alors caricaturés avec un réalisme qui interpelle sur de tels agissements ou sentiments universels. L’auteur traduit par là son engagement du côté des dominés, comme on peut le constater dans le ROMAN DE MŒURS encore appelé roman réaliste ou encore roman social. La Comédie humaine de Balzac offre une panoplie de romans qui illustrent cet état de fait. Nous remarquons aussi ce type d’inspiration relative au monde moderne dans des romans négro-africains que certains critiques appellent la « MIGRITUDE ». Il s’agit des oeuvres romanesques le plus souvent centrées sur l’émigration, ses causes telles que la pauvreté, le goût de l’aventure, l’héritage culturel… et ses conséquences comme la vie de clandestin, la xénophobie, le racisme, la discrimination…. Fatou Diome dans Le Ventre de l’Atlantique, Alain Mabanckou dans Bleu-Blanc-Rouge, Djaïli Amadou Amal dans Munyal, les larmes de la patience et tant d’autres en donnent la preuve.

3. LE FUTUR.

Il existe également des romans dont l’histoire repose sur un futur qui fait la somme du passé des hommes et de leur présent. Le récit devient vraiment visionnaire, simplement fantaisiste ou, mieux encore prémonitoire. L’action représentée se déroule alors généralement dans un milieu spatio-temporel imaginaire tout autant que le récit lui-même est inventé. Le ROMAN D’ANTICIPATION en a l’apanage surtout. Pour preuve, il suffit de lire le roman de l’Américain Morgan Robertson intitulé Futility (1898). Celui-ci décrit quatorze ans avant, avec des détails qui donnent le frisson, les mêmes circonstances qui ont causé le naufrage du Titanic dans la nuit du 13 au 14 avril 1912. C’est à croire que l’écrivain possède ce génie qui, comme dans la physique quantique, lui permet de vivre ici et ailleurs, d’entrevoir le réel sous tous ses angles et donc de l’anticiper, d’où cette audacieuse opinion de Jean Cocteau : « un roman est un mensonge qui dit toujours la vérité ».

Issa Laye DIAW

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